LUNDI 11 NOVEMBRE
Ce matin, il tombe des trombes d’eau, nous sommes sous un vrai déluge, de mémoire, je n’ai jamais vu les routes se transformer en vraies rivières.
Nous partons de l’hôtel avec un taxi vers notre Check point Charly à Terrinkyo où, comme vous le verrez, notre planificateur technocrate Alex a mis notre futur séjour sur papier.
Pascaline est ravie, le centre que nous avons réhabilité l’an dernier tourne à "plein régime" mais nous lui précisons que l’impossibilité d’héberger des femmes dans une nouvelle pièce est rédhibitoire pour augmenter la capacité d’accoucher dans des conditions dignes.
Nous partons donc à Mamba, en périphérie du district de Brazzaville, avec Alex et Christina qui nous ont rejoints.
Alex nous a expliqué pourquoi il fallait développer une maternité dans ce quartier très populaire (vous verrez les photos).
L'hôpital étant loin, les accouchements sont pratiqués dans deux endroits de façon aléatoire et semble-t-il illicite, avec une mortalité très élevée.
Cette ouverture dans des locaux neufs avec du matériel va attirer très vite les parturientes. Nous sommes assez conquis car au final il y a peu de gros travaux à faire.
Nous faisons le tour avec Christèle, personnage très emblématique qui, à mon avis est une super chef de centre. Elle va participer aux négociations avec les artisans et nous être très utile.
Alex qui a planifié le parcours de la patiente avale son chapeau car très vite nous modifions, avec l'assentiment de Christèle, la façon de fonctionner. (Plan)
Les artisans sont là et passent à tour de rôle dans le bureau 84 pour d’âpres négociations avec Pascal qui est rodé.
La négociation se fait au rabais en expliquant que la valeur équivalente sera réinvestie en boites d’accouchement. Ces dernières contiennent 16 instruments utilisés pendant l’accouchement et même pour couper le cordon. Tout le monde fait sa bonne action (maçon, électricien, plombier et peintre).
Nous devons avancer le prix des matériaux et payer une partie de la main d’œuvre.
Le solde sera payé à réception des travaux.
Nous allons fournir une table d’examen, une table d accouchement, un lit d’occasion, un berceau, des boîtes d’accouchement, un stérilisateur, un pèse bébé, une potence.
Nous allons avoir de rudes négociations avec l’importateur Médical et nous allons essayer de faire jouer la concurrence.
Nous quittons le lieu pour aller à la quincaillerie tenue par Alex qui nous fournira les matériaux à moindre prix.
Nous sommes rejoints par notre ami le docteur Kamal qui, tant bien que mal, avec son diplôme de médecin fait de la santé primaire au CSI, un véritable sacerdoce.
Il est plein de bonne humeur et a surtout un niveau de compétence exceptionnel.
Quel dommage qu’il ne puisse pas venir exercer dans notre désert médical local.
Il est d’une grande humanité. Nous l’invitons, avec nos 2 comparses, dans un restaurant congolais extérieur en pleine cité.
Ils prennent de la girelle, un poisson d’eau douce avec des bananes plantains, du manioc, féculent traditionnel, et un jus (du coca pour les congolais et un soda orange pour nous).
Je suis face à la cuisine extérieure et je dois dire que j’ai l’impression que le poisson
n’a pas été encore pêché, sans compter une cuisine « avec les mains » très artisanale.
Bref .....Nos intestins ne seront pas sollicités.
Nous passons un joyeux moment dans une avenue très trépidante où tout le marché se fait sur le trottoir. Il y a des étals de mangues (Alphonse, les meilleures, elles sont orangées), de la noix de coco à consommer sur place.
Des civettes, chauves souris qui se préparent en bouillon et nous assistons à leur achat et à leur abattage en direct sur le trottoir prêtes à être cuisiner (brrrr...!)
Nous allons ensuite chez nos amis de Comateg pour débuter les négociations des achats du matériel médical sans compter les nombreux coups de fils de tout le monde pour essayer de nous contacter pour participer au chantier.
Nous sommes un peu inquiets car les affaires sont compliquées et les importations en berne.
Jean Louis, le gérant, nous promet de nous donner une réponse d’ici mercredi, nous ne pouvons pas partir sans avoir mis en place la table d’accouchement. Le stress monte un peu pour nous, il n’y a plus de stock.
Il a fait froid aujourd’hui après la pluie, 26 degrés, c’est la saison des pluies et certains congolais ont sorti leurs pulls. Nous décidons vers 17 heures d’aller en centre ville faire une petite pause. Nous allons boire un jus d’ananas pressé et une petite pâtisserie locale.
Christian est parti à l’aéroport chercher les colis depuis le début de l’après midi et nous suivons cela en direct. Les 32 colis sont bien arrivés et nous remercions toute notre petite équipe pour la préparation et le convoyage à Orly. La plupart ont été ouverts pour être vérifiés.
Nous marchons un peu pour nous dégourdir un peu les jambes car nous piétinons toute la journée et rentrons vers l’hôtel. La ville est étonnamment calme, le trafic est moindre et l’ambiance a changé.
Nous vous souhaitons une belle nuit
Philippe et Pascal