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BRAZZAVILLE - POST 4 DU MARDI 11 NOVEMBRE 2025


                        Aujourd’hui, nous allons nous séparer en deux équipes, je partirai avec Véro à Mamba pour faire des consultations une grande partie de la journée et Pascal démarrera les travaux après avoir vu la sœur et l’avoir réapprovisionné en nourriture.

                         Nous partons donc pour Mamba avec un taximan qui s’appelle Sony après avoir chargé sept cartons destinés à Ornella. Nous arrivons au dispensaire et sommes déjà « troublés » par la foule qui s’est déplacée depuis 4h du matin pour une consultation de dépistage et aussi de médecine générale faites par des Moundélés. (blancs en lingala )
                       Les pathologies seront diverses et variées, mais les patients sont surtout hyper tendus ou diabétiques, ou les deux, ou présentant un paludisme. Nous trouvons notre fidèle acolyte Yann infirmier et nous sommes rapidement rejoint par une collègue médecin formée au Nigéria qui me demande l’autorisation d’assister à mes consultations pour apprendre. Évidemment, je lui dis que j’apprendrai aussi beaucoup de sa façon d’appréhender les patients, d’autant plus qu’il faut souvent parler le lingala pour s’exprimer avec les plus anciens.

                     Ornella nous assiste la plupart du temps, mais elle est surtout préoccupée par le montage du chariot de médicaments, tant nécessaire pour la pharmacie. Nous allons devoir appeler Alain car il nous manque deux colis et surtout la notice de montage avec des photographies. À partir du moment où nous aurons récupéré tout le chariot, ils mettront une quarantaine de minutes à plusieurs pour le monter rapidement. Ornella le photographie pour le mettre sur le groupe WhatsApp et sur les réseaux sociaux.
                    Pendant ce temps, nous voyons des pathologies tropicales des enfants et des vieillards mais aussi des indigents. Je suis assez stupéfait de voir une jeune patiente qui présente une filaire de Médine. Ce petit parasite transmet la dracunculose, maladie tropicale qui, en fait, vient du contact d’une petite plaie du pied et de l’eau, souvent l’eau de pluie qui stagne dans les rues dans les routes ou dans les fossés. Les œufs du parasite vont pénétrer ainsi par voie sanguine dans le corps et devenir des petits vers que l’on voit sous la peau un peu partout sur le corps... Malheureusement certains vont aller au niveau de l’œil et ainsi provoquer une cécité. Cette jeune patiente, qui présente de nombreuses lésions dermatologiques, se plaint de problèmes oculaires…

Hélas, l’affection ne semble pas récente et les chances de guérison seront minimes malgré la prise d’ivermectine. C’est toujours assez spectaculaire de voir les vers de Guinée se balader sous le derme de la patiente !

                      Nous traitons beaucoup de paludisme, grâce à la réalisation d’une goutte épaisse, quasiment instantanément, afin de retrouver le parasite dans le sang. Nous dépisterons aussi beaucoup d’IST (maladie sexuellement transmissible) chez des jeunes femmes et nous les reverrons vendredi avec les résultats du dépistage du sida.
Ornella nous a préparé une petite pause, elle connaît notre faiblesse pour les fruits frais et ainsi nous dégustons mangue, ananas et papaye car il fait une chaleur incroyable dans la pièce, la climatisation ne marche pas en raison d’une coupure d’électricité.

                       Le couvreur est venu faire un devis pour réparer une partie du toit, en effet les tôles sont toutes percées par les orages répétés et Pascal doit venir valider ou non son devis.
                         Nous en profitons pour distribuer les blouses données par l’hôpital de Sully-sur-Loire aux personnels et Ornella et heureuse de récupérer une boîte de spéculum donnée par le docteur Dabout-Maillard médecin gynécologue d’Orléans. Grâce à ce don, tous les dispensaires en seront dotés. Ces spéculums métalliques sont stérilisés et réutilisables à merci, bien moins coûteux que le matériel à usage unique.

                        Pascal nous a rejoint après avoir fait un plein de protéines alimentaires pour la sœur Virginie chez Guenin. Ils se sont retrouvés là-bas et la sœur est repartie avec un taxi plein de victuailles puisque nous lui avons aussi financé du riz mais aussi des frites surgelées qui vont certainement faire très plaisir aux enfants de l’orphelinat !

                        Christele passe donc récupérer Pascal chez Guénin afin de passer prendre la climatisation achetée la veille chez les indiens, et pour l’emmener à Kinsoundi pour valider les différents travaux de réfection. En effet, la grande salle que nous allons rénover va accueillir huit lits que Pascal va faire repeindre, afin d’agrandir la capacité d’hospitalisation des accouchements. Pendant ce temps, la sœur va être livrée du congélateur, du four micro-ondes et de la gazinière à l’orphelinat basé à Kintélé.

                       Pascal va faire aussi un passage chez Modeste qui n’est pas toujours modeste dans ses devis (!) mais qui, en tout cas, est notre fidèle vendeur de matériel médical, et avec qui nous avons un contact tellement sympa que nous ne pouvons pas trop aller voir la concurrence. Il est prévu d’acheter des berceaux de bébé et des tables d’examen ainsi qu’un Poupinel (stérilisateur à chaleur sèche). Enfin Pascal nous rejoint et valide le devis pour le toit de Mamba.

                       Nous clôturons la consultation à 16h, épuisés, et quand je dis épuisés…Cette journée n’est pas une sinécure…Travailler avec une telle chaleur, voir autant de monde, et dans des conditions parfois d’hygiène compliquée, reste vraiment une gageure.

                      Nous quittons donc le dispensaire pour aller à la Mandarine et faire une pause dans une ambiance climatisée et manger une petite glace sucrée afin de nous reconstituer un peu. Comme je vous le disais, Brazzaville reprend un peu le dessus, nous sentons une effervescence sans doute en rapport avec les futures élections de l’année prochaine.

                      Il y a peu de Français à Brazzaville, nous sentons que notre pays est vraiment parti de l’Afrique. Les projets urbanistiques sont maintenant essentiellement menés par les Chinois, les brésiliens ou les Turcs. Les Russes, qui avaient quittés ce pays à la chute du Mur de Berlin, sont revenus en masse. La géopolitique de l’Afrique a vraiment changé ces dix dernières années en rapport avec la situation du monde dans lequel nous vivons actuellement. Cependant les congolais aiment toujours cette période où les Français étaient présents et commencent plutôt à la regretter, ce qui est de bon augure. Nous rentrons à l’hôtel assez fatigués car l’acclimatation de notre corps est très énergivore sous les 35° dans l’hémisphère sud.

                     Demain est un autre jour, mais nous prévoyons un programme un peu plus court pour nous retaper un peu.
 

                                            Philippe

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