
BRAZZAVILLE – POST 5 DU MERCREDI 12 NOVEMBRE 2025
Nous partons séparément ce matin, Pascal démarre les travaux à Diata, rappelez-vous la dalle centrale et le bout de toit couvrant le patio… Véro et moi partons à Terenkyo faire un grand tri des 60 colis que nous avons envoyé via ASF à Brazzaville.
Nous sommes accueillis par Pascaline et nous nous mettons à la tâche pour regrouper les différents colis, bien aidés par le colisage coloré préparé par Dany.
Véro distribue quelques layettes fabriquées avec amour par Madame Rousselet, Sœur Marie- Emmanuelle et Françoise.
Nous allons donc rejoindre Pascal qui doit désormais se trouver à N’Gassa, le dispensaire de Michèle.Pascaline nous réserve donc un taxi et nous montons dans ce taxi sans aucune méfiance. Arrivés au « marché total », un des plus grands marchés d’Afrique central, les motards nous arrêtent.
Ils nous font descendre de la voiture car le taximan n’a ni carte grise, ni permis de conduire et au final semble être un mineur. Bref je ne suis pas très fier de cette situation car, vu la foule tout autour de nous, nous devons sortir les quelques colis que nous avions pris dans ce taxi et en trouver un autre. Heureusement un motard, arrête d’autorité un nouveau taxi, et nous pouvons repartir.
Arrivés à N’Gassa, nous sommes rapidement happés par Michèle qui souhaite que je voie un nouveau-né que nous avions déjà vu lors de notre précédent séjour, il y a un an. Cette petite fille qui s’appelle Marcelle n’a quasiment pas été nourrie pendant un an. Rachitisme, conséquence d’une malnutrition, comme je n’en ai jamais vu…
Imaginez, elle pèse 4 kg 100 et elle n’a que la peau sur les os, avec ce fameux gros ventre que vous pouvez voir dans les zones de famine. La maman est à peine majeure. Elle est de nouveau enceinte de deux mois.
Nous aurons peu de chance de sauver ce bébé, mais nous prenons quand même le pari de participer aux frais médicaux pour qu’elle soit vue par un pédiatre à l’hôpital avec l’aide du Médecin Cheffe Licia, qui va elle-même l’emmener dans sa voiture pour sa prise en charge.
Nous décidons de payer les radios, la prise de sang et le lait qui sera nécessaire pour nourrir cet enfant. Malheureusement, l’évolution de son cerveau est bloquée à un mois et je ne suis pas certain que le pronostic soit amélioré avec cette prise en charge. C’est une famille très pauvre, dysfonctionnelle, du quartier et vivant dans une misère sociale que nous ne pouvons pas décrire par décence dans ce post. Véro habille cet enfant avec les quelques vêtements que nous avions emmenés et lui fait manger un deuxième yaourt pour essayer de la nourrir un peu. Nous vous donnerons des nouvelles par la suite.
Pendant ce temps, Pascal s’occupe de faire réparer le surpresseur et programme l’installation d’une climatisation dans la salle de post accouchement, ainsi qu’une fenêtre pour éviter que l’air froid ne s’évapore par l’extérieur.
Le personnel de santé, ayant vu sur le site que nous avions fait des consultations à Mamba la veille, insiste pour que je fasse avec Véro également des consultations. Nous ne pouvons pas leur refuser. Et nous sommes d’accord pour voir quelques patients. Nous en verrons beaucoup, beaucoup, beaucoup… !!
Nous voyons donc beaucoup de patients, atteints du paludisme, qu’il faut traiter après un dépistage, et que la goutte épaisse ait mis en évidence le parasite. En effet, on prélève aux patients une petite goutte de sang au bout du doigt, le laborantin étale le sang sur une lame de Guthrie, met une coloration et recherche des trophozoïtes dans les globules rouges. Quand le parasite est présent dans un globule rouge, celui-ci est éclaté, il faut donc traiter le patient avec un antipaludéen.
Ce petit parasite va se cacher dans le foie, il devient un hypnozoïte et peut se réactiver des semaines ou des mois après. C’est pour cela que nous sommes obligés, quand nous rentrons du Congo, de prendre aussi un antipaludéen quelques jours supplémentaires.
Je suis assez stupéfait de voir que sur la dizaine d’années précédentes, les familles congolaises ont de moins en moins d’enfants. En effet, les jeunes femmes ne veulent plus faire de grosse famille et, pour cela, se font poser des implants contraceptifs dans l’avant-bras dont l’effet dure cinq ans et empêche ainsi d’avoir, comme c’était de coutume, des grossesses répétées et épuisantes.
Cela contribue donc à avoir des familles plus petites, mais aussi plus faciles à gérer dans le monde impitoyable des pays émergents africains.
Ce petit Centre de N’Gassa est situé dans un quartier très populaire et, par endroit, mal famé. Michèle nous explique que nous ne pourrions pas venir quand il fait nuit, à cause des voyous et de la population. Ils viennent donc consulter pour se faire soigner compte-tenu du modeste coût des consultations.
Une bonne partie du personnel en profite aussi pour se faire examiner même si les motifs médicaux ne sont pas toujours d’une grande urgence, nous sommes photographiés dans tous les sens et j’espère que nous ne serons pas trop, ici, sur les réseaux sociaux.
Nous quittons ce Centre et allons dans un magasin de fournitures médicales pour faire des devis pour l’achat de matériel médical. Puis nous irons au magasin libanais pour acheter une climatisation pour Michèle qui nous rejoindra avec son mari, délégué médical, spécialisé en ophtalmologie.
Nous faisons une belle rencontre avec ce couple très sympathique, hors du contexte du dispensaire, et nous avons l’idée de pouvoir mettre en place une consultation ophtalmologique dans ce petit Centre de N’Gassa grâce à l’aide du mari de Michèle. En effet, celui-ci va pouvoir trouver une personne sur place qui donnera la graduation des lunettes que nous emmenons et ainsi Michèle pourra trouver sur ordonnance une personne dont la monture de lunettes lui sera vraiment nécessaire.
Nous les quittons et rentrons à l’hôtel bien fatigué ce soir.
Demain nous avons programmé de partir à 60 km au sud de Brazzaville dans une région qui s’appelle le Pool ave le Dr Carmel Matoko pour sa nouvelle affectation et visiter son Hôpital de Brousse à Kinkala. Elle a prévu de nous faire recevoir par le Préfet de la région et elle est ravie aussi de nous faire visiter un dispensaire de brousse.
Les Chefs de Centre nous réclament tous un chariot de médicaments, je dois dire qu’il est utilisé à faire autre chose ici, mais vraiment pratique pour les week-ends pour stocker les médicaments hors de la pharmacie. Il nous réclame aussi des fauteuils roulants pour déplacer les patients impotents.
Voilà repos ce soir, demain nous irons affronter la brousse !
Philippe




















