MARDI 12 NOVEMBRE
Coucou les amis,
Nous partons après une première bonne nuit de sommeil (pour la première fois non chimique pour moi) en taxi vers Terrinkyo, point central à Brazzaville au milieu des deux autres dispensaires.
Nous sommes juste sous l’équateur et le rayon du soleil est perpendiculaire toute la journée et je réalise qu’entre Alex, Christian et moi, seul Pascal a des cheveux. Nos crânes, comme disent les congolais, sont de vrais capteurs solaires et sans casquette je monte vite en température.
Quel bonheur d’avoir des cheveux ici !
Bref, nous arrivons à Terrinkyo « blindé » de jeunes mamans avec des enfants, forcément plus de 100 accouchements par mois génèrent beaucoup de bébés, de vaccins et de surveillance post natale.
Les mamans patientent avec leur enfant dans une grande salle sous la chaleur mais ne se plaignent jamais.
Les bébés sont enveloppés dans les boubous et le sein n’est pas loin en cas de petite faim. Ici l’allaitement maternel est quasi exclusif et rend plus résistant les jeunes enfants face à l’infection. En revanche aucune protection contre le paludisme, les piqûres d’anophèles femelles sont redoutables et à l’origine de la plus grande cause de mortalité infantile en Afrique.
L’anophèle pique le soir de façon douloureuse au coucher du soleil et les parasites transmis par la salive vont se réfugier sous forme d’hypnozoïtes dans le foie.et au bout de 14 jours sur un organisme fatigué , ils vont se disséminer dans le sang pour déclencher des douleurs articulaires, de la fièvre, et un état grippal.
Parfois, ils envahissent le système neurologique et donnent des neuro-paludismes souvent mortels.
Et là c’est dramatique!
Nous retrouvons notre chauffeur Roger qui a récupéré le Vitara du médecin chef où nous nous engouffrons à 5, (voiture aussi grande qu’une petite Fiat en France). Je suis quasiment assis à l’arrière sur les genoux de Christian et Alex a une fesse sur la banquette. Dans cette boîte à sardine, la sortie va être rude à Mamba d’autant plus qu’un des pneus a perdu sa structure métallique.
Les travaux ont commencé à Mamba, Christèle les suit avec une main de maître. Le toit a été réparé, la peinture est en cours, et la mise en place de la paillasse pour l’eau a démarré.
Nous allons faire une journée de dépistage de l’HTA (hypertension artérielle) vendredi et samedi. Nous espérons ouvrir lundi le bloc d’accouchement.
Nous distribuons des sucettes aux enfants qui attendent et quittons à pied le dispensaire pour aller rendre visite à Carmel directrice de l’hôpital de Bas Congo.
L’hôpital qui était une ruine a été transformé en un an par notre amie. Son dynamisme et son charisme a rendu l’hôpital salubre et DÉSORMAIS un beau lieu de vie, un jardin pour les enfants hospitalisés et surtout une fluidité dans les services qui rend le lieu agréable.
Nous allons visiter le service de pédiatrie, et Carmel nous implore de l’aider à acquérir un stérilisateur : vital pour stériliser les matériaux du bloc opératoire. Les stérilisateurs sont de fabrication chinoise et ne nous inspirent pas confiance. .
Ils sont évidemment de pâles copies des stérilisateurs (fabrication allemande) et ils sont vendus hors de prix (plus de 1000 €)
Nous allons lui proposer d’en acheter un en France et de lui envoyer rapidement par AVSF (AViation Sans Frontière) avant la fin de l’année. Peut être, pourrions-nous en trouver un par le biais d’un hôpital ou d’un laboratoire, en parfait état de fonctionnement et lui envoyer rapidement.(voir photo de l’appareil)
Nous allons trier demain les colis destinés à l’hôpital et lui remettre les deux réfractomètres donnés par une ophtalmologue, amie de Caroline Llonch, pour l’association.
Ces deux appareils très fragiles ont été remarquablement conditionnés par Alain et arrivent en parfait état à Brazzaville. Grand merci!
Nous la quittons pour aller négocier avec Modeste, patron d’un magasin de matériel médical qui va nous servir à faire baisser les devis faits la veille à la Comateg. Nous prendrons les moins chers aux deux endroits :
-une table d’examen gynécologique
-une table d’accouchement
-une potence
-5 boites d’accouchement
-deux berceaux
-un lit médicalisé
-un pèse berceau
-un petit Poupinel (stérilisateur)
Modeste n’est pas modeste sur les prix au démarrage mais le devient vite face à Pascal qui ne lâche rien (bureau 84 oblige !). Nous donnerons les arbitrages demain.
Nous le quittons pour la Comateg où l’idée de ne plus être en situation de monopole ne plait pas beaucoup. Nous sentons des difficultés sans doute de trésorerie pour importer le matériel médical.
Nous allons négocier car Mamba doit avoir un minimum et nous compléterons avec le contenu de nos colis.
Nous partons à la mandarine manger une glace chimique (!) à la mangue et offrir un traditionnel schwarma à Christian. Cette pâtisserie libanaise ne désemplit pas. C’est le lieu central de rencontre dans BRAZZAVILLE. Nous quittons Christian qui rentre s’occuper de sa petite famille.
Demain matin nous avons demandé au médecin chef de venir à 10 heures à Kinesoudi. Nous devons avoir une explication avec Patrice qui n’est plus motivé en raison de sa retraite prochaine.
Le nombre d’accouchement a baissé et le départ d’Elisabeth, l’infirmière qui faisait le boulot de trois personnes, a anéanti la fréquentation exponentielle de ce centre que nous avions qualifié de « notre bébé ». Comme dit Christian, « il est en train de tuer le bébé ».
Alex très pragmatique va proposer au chef de centre de réintégrer Elisabeth deux jours par semaine et essayera de trouver un élément moteur pour le centre.
Le Cosa représenté par Marcel était désespéré de cet état de fait, seul le jardin a pris un essor incroyable. Nous sommes un peu déçus et Alex veut corriger le tir.
Ce soir dîner indien avec un poulet Tiki massala , un Ercefuryl et deux Smectas.
Voilà les amis le récit de notre journée bien chargée
Bon courage à mes deux correctrices, les règles grammaticales se « Congolisent » un peu plus tous les soirs !
Passez une agréable soirée et à demain
Philippe et Pascal